L'événement le plus important dans la vie d'un homme est le moment où il prend conscience de son Moi.


Tolstoï

samedi 8 novembre 2014

Miroir, mon beau miroir...

Selon Lacan le stade du miroir est formateur de la fonction du "Je" de  l'enfant entre 6 et 8 mois.
Cette fonction ne peut s'installer que par la présence de l'autre. C'est grâce à l'autre que le sujet peut se constituer.
Le stade du miroir est l'état où l'enfant va pouvoir maîtriser son unité corporelle par l'identification à l'image du semblable, ainsi que par la perception de sa propre image dans le miroir.
Lacan souligne la jubilation de l'enfant, son plaisir à contempler son image alors qu'il ne  maîtrise pas encore son unité physiologique.
C'est en portant l'enfant devant le miroir et en lui indiquant que c'est lui, que les parents  l'aident à vérifier son unité, car dans un premier temps l'enfant devant le miroir, ne reconnait que l'autre.
Ce concept du regard touche à quelque chose de primordial, le narcissisme.
Etape nécessaire dans le développement de l'enfant, base de constitution du sujet divisé entre le "Je" le sujet de l'inconscient et le Moi, relevant de l'image et du social.

Datant du V ème siècle après J.C, le miroir est décliné dans Blanche Neige, la Belle et la Bête ou Harry Poter plus récemment où là, il porte le nom de "miroir du résid" en lettres inversées (désir) et permet d'accéder non pas au reflet, mais aux souhaits les plus profonds.

Winnicott prolongera la réflexion de Lacan sur le stade du miroir en le résumant par cette phrase :  Le précurseur du miroir c'est le visage de la mère.
Freud quant à lui par le "jeu de la bobine" introduit la notion de Présence/ Absence, ou Actif/Passif.
L'enfant apprend à maîtriser via le jeu, la séparation d'avec la mère.
La symbolisation ainsi va permettre de rester maître de son propre désir.
Ces moments clés de la psyché contribuent à la construction de l'identité personnelle.
La perte de la fusion initiale d'avec la mère est symbolisée par cette traversée subjective du miroir et via le langage, la symbolisation de la présence-absence de la mère, ou de soi-même.
C'est en cela que le jeu prend toute son ampleur :
Ce n'est plus la mère qui abandonne l'enfant lorsqu'elle le quitte, mais l'enfant qui maitrise son absence en la faisant partir par le rejet de la bobine en bois.

Si l'idée du miroir dans la rencontre amoureuse de nos jours prend tout son sens, c'est parce qu'elle est surinvestie.
On la souhaite idéale, parfaite.
Nos choix amoureux résident dans la "collusion inconsciente narcissique", car on cherche un être qui ressemble à soi-même, à ce que l'on pense être ou que l'on voudrait être.
Bref, un faire-valoir, un miroir qui revoie une image meilleure de soi-même.
L'autre venant revaloriser et booster cette image; c'est dans cette forme de surévaluation du partenaire que l'on va adhérer pour doper son moi.
Toute rencontre amoureuse tend à la confusion avec l'autre.
Comme le rappelle Freud, aux prémisses de l'état amoureux, la démarcation entre moi et l'objet tend à s'effacer.
Toi et Moi ne font qu'un.
L'espace amoureux ni tout à fait réel, ni tout à fait fantasmé, il est entre deux, "transitionnel" comme dirait Winnicott.
S'ajoute à cela "la collusion œdipienne", rencontre plus mature faisant référence aux images parentales positives ou négatives.
L'attirance se fait par ressemblance par certains aspects au père ou la mère.
La rivalité œdipienne rôde, le mari substitut est à combattre, à exclure pour posséder enfin le femme.
Parfois totalement opposé à l'image parentale, le sujet va chercher à  se protéger dans son choix de partenaire d'une relation œdipienne incestueuse toujours menaçante.


En Occident l'amour trouve toujours son origine dans l'interdit, à commencer par celui de l'inceste; les obstacles contrariant l'élan sont recherchés :
Couples mixtes, partenaires plus âgés, en couple, plus l'autre est interdit, plus il est attirant.
La rencontre amoureuse est placée sous le signe du paradoxe car on désire ce que l'on ne peut avoir : les objets d'attachements du passé.

Mais enfin pourquoi?

Pour jouir de ce qu'ils nous ont donné, pour qu'ils donnent enfin ce qu'ils n'ont pas donné ou réparent ce qu'ils ont blessé.
Cette attente d'être "complété" ou "réparée" par l'autre est un véritable leurre qui crée une faille dans le couple.
Sur le modèle parental, les couples se forment et se déforment.
Sans oublier l'aspect transgénérationnel, le "bon timing", la complémentarité de deux névroses; dans tous les cas, en amour on ne choisit pas par hasard.
Freud dit que l'on ne rencontre que ce qui existe déjà  dans notre propre inconscient.

Trouver l'objet sexuel ( l'objet aimé) n'est que le retrouver , telle s'imposerait la Loi du désir humain.







 

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